2009 : Et si on faisait le point 4 ans après ? Décryptage de la loi Lurel

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Lundi 4 février, Philippe Jock a participé à la conférence débat organisée par le Club Presse Martinique sur le thème : « De la crise sociétale de 2009 à la loi Lurel sur la vie chère. ».
Deux autres personnalités étaient conviées à débattre avec le public présent : Patrick Doré, de l’UGTM et Maurice Laouchez, ancien directeur de banque.

Voici les grandes lignes de la vision du MEDEF à ce sujet :

Philippe Jock a d’abord souhaité revenir sur les causes immédiates du conflit de 2009. Quelles étaient-elles ?

 La cherté de la vie
 L’euro a entraîné une augmentation des prix alors que les salaires (ou revenus) n’ont pas suivi cette augmentation.
 Les salaires jugés insuffisants pour faire face aux nécessités du quotidien.
 Extension de la précarité (accroissement du chômage, du temps partiel).

Il existait aussi des causes psychologiques plus lointaines (ex : rapports entre Békés et non Békés) ; les causes de ce conflit étaient donc multiples.

Il s’agit également d’un problème de dialogue tout court entre communautés.

Il ne faut toutefois pas oublier la crise économique et financière de 2008 et ses répercussions sur la situation de nos économies composées majoritairement de TPE fragiles et sous capitalisées.

Philippe Jock a ensuite a rappelé les revendications de février 2009. Les 3 revendications essentielles portaient sur :
  La baisse des prix
  L’augmentation des revenus (hausse de salaires)
  La garantie de l’emploi

La loi Lurel prétend être la réponse au mouvement de 2009 mais en fait, elle est la réponse politique à un problème économique.
Elle ne répond qu’à une des revendications : « hausse des prix », or il nous semble évident à nous entrepreneurs que la lutte contre la vie chère passe par le combat pour l’emploi ; l’emploi permettant d’assurer une bonne partie du revenu et donc permet du pouvoir d’achat.

Or quelles sont à ce jour les mesures envisagées pour renforcer la compétitivité de nos entreprises et leur permettre d’embaucher ?

Le postulat de départ de la loi Lurel : les prix sont élevés dans les DOM à cause de la structure des marchés. Le ministre pense donc qu’en favorisant la concurrence, on aboutira à une baisse des prix.

Mais au-delà de cet aspect concurrence, il faut pour faire baisser les prix examiner toutes les étapes de la formation des prix avec ses 6 variables :

  le prix d’achat
  le taux de fret au port de départ
  le taux de fret au port d’arrivée
  le taux de l’octroi de mer
  le taux de marge
  et enfin le taux de TVA

Si on s’appuie sur l’ouvrage de Richard Crestor : « La formation du prix du produit importé dans les DOM », dans l’établissement progressif de l’expression du prix de vente, on constate que le prix d’achat se voit affecter d’une succession de coefficients multiplicateurs résultant de l’application des 5 taux et dont les effets se cumulent.

On peut regretter qu’à ce stade d’application de la loi Lurel, seule la marge du distributeur est mise en cause. Or, comme le démontre toutes les analyses, la marge n’est pas et loin s’en faut, en particulier pour les produits alimentaires à faible valeur, l’élément déterminant.
Le seul indicateur retenu par cette loi, c’est la marge alors que l’excédent brut d’exploitation serait plus pertinent pour apprécier la performance de l’entreprise et des éventuels abus ou excès.

Enfin, pour terminer Philippe Jock s’est interrogé sur la question suivante : Quels effets attendus en terme de baisse des prix de la loi Lurel ?

Il convient de rappeler que dans la grande distribution les prix ont baissé sur certains articles après les mouvements de février 2009.
L’augmentation observée en 2012 est essentiellement liée au surenchérissement du coût des matières premières, évolution répercutée par les producteurs.

Il faut noter que la loi a été l’élément déclencheur de négociation sur les prix avec les fournisseurs import. Cette loi a été un moyen de pression pour les grossistes intermédiaires afin d’obtenir les mêmes prix que les centrales.

Selon Mr Jock, il ne faut pas s’attendre à de nouvelles baisses de prix, les articles composant la liste ont déjà bénéficié de réduction.
N’est-il pas illusoire de faire croire aux martiniquais que les produits alimentaires importés peuvent être au même prix qu’à Paris ?

En conclusion, une chose est sûre, les trois interlocuteurs se sont tous accordés sur un point : Tous les acteurs devront trouver des passerelles de discussion. La solution ne viendra pas de l’hexagone ; et comme l’a souligné Mr Laouchez, l’avenir de la Martinique passera par le dialogue entre martiniquais. Un dialogue social territorial avec les syndicats qui est d’ailleurs une priorité pour le MEDEF, priorité qui a été d’ailleurs très clairement exprimée à Mr Doré.