"Nous avons un rôle à jouer en Haïti "

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3 questions à Cyril Comte - franceantilles.fr - 29.09.2010

Vous êtes venu avec la délégation de chefs d’entreprises françaises prospecter le marché de la reconstruction en Haïti, simples figurants ou véritables acteurs ?

Effectivement, nous sommes convenus avec le Medef national d’être toujours sollicités pour participer aux délégations du Medef international dans le bassin caribéen. Cette délégation en Haïti est aussi la première du genre pour nous. Nous avons pu rencontrer des ministres clefs en charge de la reconstruction mais également le premier ministre, Jean-Max Bellerive, qui nous a accordé un entretien de plus de deux heures. Il a, lui-même, souligné l’importance du rôle des entreprises de Martinique ou de Guadeloupe pour participer à la reconstruction haïtienne du fait de plusieurs avantages. D’abord, la proximité géographique, la langue créole et française que nous partageons et la capacité à faire fonctionner des projets de petites tailles.
Notre délégation a représenté plus du tiers de la délégation nationale. Cela montre l’intérêt des entrepreneurs martiniquais pour être de vrais acteurs et non pas des figurants, malgré toutes les difficultés que peut présenter la projection vers un tel pays.

Nos entreprises ont-elles la capacité financière et les moyens pour faire aboutir à l’international leurs projets ?

Les entreprises martiniquaises sont typiquement des petites et moyennes entreprises avec des moyens financiers et humains qui les préparent peu à l’internationalisation même dans un cadre caribéen. Toutefois beaucoup de nos entrepreneurs compensent ce handicap par leur inventivité et leur dynamisme. Dans le cas d’Haïti, ceux qui parviendront à concrétiser des projets doivent vraisemblablement nouer des partenariats avec des entreprises haïtiennes.
Il faut dire aussi que ce voyage m’a fortement sensibilisé à pousser les grandes entreprises françaises, qui envisageaient à contribuer à la reconstruction en Haïti, à le faire à partir d’une tête de pont en Martinique. Cela devrait être d’ailleurs le modèle de leur intervention dans l’ensemble de la zone caraïbe. C’est également l’approche que devrait adopter l’État pour sa politique étrangère dans la zone, comme l’avaient recommandé les états généraux de l’outre mer.

Quelles leçons tirez-vous de ce voyage ?

La première leçon est celle du courage du peuple haïtien et de ses dirigeants. Ils donnent l’impression de travailler avec intelligence et pragmatisme au relèvement d’un pays en ruine au propre comme au figuré après le traumatisme indescriptible du séisme du 12 janvier.
Autre leçon, à travers un voyage comme celui-là, on comprend mieux le rôle et la place que la Martinique et la Guadeloupe peuvent jouer au nom de la France dans l’espace caribéen.
De ce point de vue, les entreprises de la Caraïbe française ont un rôle à jouer en se maillant beaucoup plus fortement avec le reste des autres pays de la Caraïbe à travers des partenariats et des investissements directs comme certains en déjà ont ouvert la voie.