« Nous sommes transmetteurs d’un savoir-faire »

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Dans une interview donnée à France Antilles, Hervé Lauréote, Président de la Chambre de métiers et de l’artisanat livre ses objectifs. Il travaille notamment "à ce que l’artisanat soit un levier social pour lutter contre le chômage".

Hervé Lauréote propose une vraie mutation dans le monde l’artisanat et la place de l’apprentissage pour maintenir des activités conséquentes. Outre l’université des métiers qu’il souhaite instaurer, il lance une vaste réflexion sur la place de l’artisanat.

Que pèse la Chambre des métiers dans l’économie martiniquaise ?

Hervé Lauréote, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat. Nous sommes 9.500 entreprises qui forment un bon maillage du pays. Près de 40% des entreprises n’ont qu’un seul salarié. Et si chacune d’elle embauchait une seconde personne, alors le chômage accuserait un bon recul. La preuve, en 2010, nous avons enregistré 650 nouvelles créations d’entreprises. Durant la même période, il y a eu 400 disparitions. Le solde se situe aux alentours de 400 entreprises. C’est une preuve de vitalité.

Pour autant, la situation de la Chambre de métiers n’est pas très rose...

C’est vrai, nous avons passé une période très difficile. Et même si la situation n’est pas entièrement redressée, nous avons réussi à faire un grand pas en restituant à la Chambre de métiers la place qui lui revient dans la mise en place des politiques d’accompagnement. Parallèlement, nous balisons l’avenir. Sur ce point, nous allons opérer une mutation qui consiste à ce que les chefs d’entreprises comprennent qu’ils sont les transmetteurs d’un savoir-faire. Mais dans l’immédiat, il y a une urgence : c’est de freiner les ruptures de contrats dans l’apprentissage. Il faut installer un vrai dialogue entre le chef d’entreprise et l’apprenti afin que le jeune apprenti aille jusqu’au bout de son contrat.

Est-ce que tous ces objectifs ne sont pas trop lourds pour vos épaules ?

Nous avons su mesurer la tâche depuis notre prise de fonction. Nous sommes conscients du rôle charnière que représente l’artisanat à la fois pour l’apprentissage, la formation et la mise en pratique des expériences professionnelles. D’où le partenariat avec la Région qui nous donne les moyens pour la réhabilitation des équipements. Également, nous fonctionnons beaucoup avec les Missions locales et les communautés de communes. Sans oublier le RSMA avec qui nous sommes en train de passer des conventions. On ne peut plus fonctionner tout seul et l’évolution des carrières professionnelles incite à mettre en place des politiques de formation qui vont accompagner le salarié ou le chef d’entreprise du CAP au Mas ter. C’est ainsi que nous avons créé l’université des métiers en collaboration avec l’UAG et le CNAM (Centre national des arts et métiers).

Mais avez-vous les moyens de vos ambitions ?

Depuis quelques mois, la sérénité a commencé à s’installer dans les esprits. Je veux dire que nous ne sommes plus sous tension comme c’était le cas en 2009 et 2010. Résultats, nous avons commencé à régler une bonne partie de nos fournisseurs et nous payons régulièrement nos charges fiscales et sociales. Cependant, il nous reste à épurer les dettes antérieures évaluées à 6 millions d’euros. Mais le gros chantier sera la réorganisation de l’ensemble de nos services aussi bien au niveau du siège que le CFA. Parallèlement, il y aura un accompagnement plus soutenu des entreprises. D’où la mise en place du centre de gestion agréé dont la mission sera l’offre des services plus conséquente. En somme, il faut faire sortir l’artisanat de son isolement en proposant à l’artisan de nouveaux outils. Derrière tout cela il y a un enjeu énorme : c’est changer l’image de marque de l’artisan. Le consommateur doit trouver entière satisfaction dans sa relation avec l’artisan.
Je travaille à ce que l’artisanat soit un levier social pour lutter contre le chômage. En même temps, il faut faire admettre définitivement à tous que l’artisanat est une production endogène : il ne se délocalise et rares sont les artisans qui vont investir ailleurs. C’est une consommation à 100% locale.

Propos recueillis par Adams Kwateh France-Antilles Martinique 07.02.2012