Pêche : une coopération sur les rails

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Les acteurs de la pêche se sont réunis récemment avec en filigrane une coopération avec les pays des Caraïbes pour une exploitation partagée des ressources.

Des personnes du monde de la pêche ont participé à l’Ifremer à un atelier sur l’aménagement des ressources du large et portant sur l’identification et l’analyse des acteurs des pêcheries de poissons volants et de grands pélagiques. Les travaux étaient animés par Loïza Rauzduel, une Française d’outremer exerçant à Trinidad depuis plusieurs années en tant que chargée de projets à l’institut pour les ressources naturelles de la Caraïbe (CANARI : Caribbean Natural Resources Institute). L’objectif était de compléter un important travail réalisé sous l’égide de l’Agence pour la pêche régionale de la Communauté Caraïbe (CRFM : Caribbean Regional Fisheries Mechanism), dépendant de la CARICOM, sur l’aménagement de ressources partagées entre pays des petites Antilles.

« Les poissons volants (au 9e rang des espèces débarquées en Martinique) sont exploités de Tobago à la Dominique et principalement par la Barbade. La dorade coryphène, principale espèce pêchée en Martinique, fait partie d’une population de poisson qui occupe une zone comprise entre Porto-Rico et le Venezuela, indique Lionel Reynald, de l’Ifremer. Ce sont là deux exemples de ressources représentant 20% des débarquements de la pêche martiniquaise que nous ne pouvons gérer sans nos voisins des Caraïbes.
Pour connaître l’état de ces stocks et leur évolution, nous avons besoin mettre en commun les statistiques de pêche de tous les pays qui les exploitent. Si ces espèces sont surexploitées, les mesures de régulation de la pêche devront être adoptées, harmonisées et mises en oeuvre par tous les pays simultanément, pour être efficaces » .

ETAPE APRÈS ÉTAPE

Au cours de cet atelier, les participants ont eu à identifier, puis sélectionner les 15 principaux acteurs martiniquais de la gestion des ressources du large. Puis, ils ont dû débattre de la caractérisation des ces acteurs selon différents critères (rôle principal, indirect, etc.).
Un examen de leurs capacités à participer à la gestion de ces ressources a ensuite été réalisé selon 7 critères retenus par des sociologues ayant conduit des recherches sur les capacités requises pour une participation effective à une gestion concertée des ressources.
Le résultat a, sans surprise, bien fait ressortir le rôle des différentes institutions. Cependant, de façon inattendue, la coopérative d’avitaillement, la Coopemar, a fait l’objet de discussions sur son rôle de conseil auprès des services de l’Etat et des collectivités territoriales.
L’importance du Comité régional des pêches a aussi été largement évoquée, car c’est à son niveau que les conditions d’accès et d’exploitation des ressources sont débattues par les principaux intéressés que sont les pêcheurs.

Une modernisation du secteur en ligne de mire.
Cet atelier, organisé dans d’autres îles des petites Antilles, permettra de mieux apprécier les différentes organisations existantes. « Les résultats du projet conduit par le CRFM devraient être présentés dans le courant du premier semestre de cette année.
Ils comprennent des diagnostics sur quelques ressources comme les poissons volants et la dorade coryphène. Les premières données ont également été regroupées pour réaliser une évaluation du stock de thon noir jugé comme ressource potentielle intéressante pour les petites Antilles compte tenu des concentrations importantes observées autour des DCP (Dispositifs de Concentration de Poissons). Les données disponibles (encore insuffisantes pour un diagnostic complet) pour apprécier l’état des ressources étudiées, n’ont pas mis en évidence de mésexploitation. Ces travaux seront certainement très utiles aux Martiniquais pour justifier leurs orientations en faveur d’une modernisation de la pêche des pélagiques du large et d’une meilleure adaptation de ses produits à la demande du marché. La participation des Français aux réunions de présentation des travaux du CRFM sera une première étape vers la formalisation d’une coopération incontournable avec nos voisins.

A propos de CANARI.
CANARI est une organisation régionale à but non lucratif travaillant à plusieurs niveaux pour développer, tester, promouvoir et soutenir des efforts locaux, nationaux et régionaux visant à améliorer la gestion des ressources naturelles et les modes de vie de ceux qui en dépendent, à travers des approches intégrées et participatives. Son domaine géographique est la Caraïbe insulaire, y compris tous les pays indépendants aussi bien que les territoires dépendants de la France, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des États-Unis. CANARI réalise ses objectifs principalement en travaillant avec des partenaires locaux afin de renforcer leurs capacités de contribution aux modes de vie durables et à la gestion durable de l’environnement, et en identifiant et favorisant l’adoption de politiques et de formes de gouvernance pertinentes.
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France-Antilles Martinique 05.04.2012